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À l’image de son nouveau Quartier des spectacles, avec sa Place des Arts et sa trentaine de salles de spectacles, Montréal met en avant son attrait pour la culture en général et les musiques actuelles en particulier. Les artistes comme Arthur H, qui viennent souvent s’y produire en festival, connaissent bien la cartographie artistique de la ville et la réputation des musiciens du cru. Si le Français est venu à Montréal, c’est parce qu’il est sensible à la manière singulière d’y jouer et d’y enregistrer un disque. « C’est une touche nord-américaine, plus instinctive. C’est ni mieux, ni moins bien, ici les musiciens ont l’habitude lâcher leur énergie quand, en France, on préfère retenir, cadrer les choses. Je pense que les musiciens français sont très bons aussi, mais ils n’ont pas le même type de confiance en eux. On vit plus ou moins tous la même chose, un monde qui est en train de s’écrouler, peut être que les Québécois, par la nature différente du capitalisme qu’il y a ici, sont plus réactifs, sont plus à vif. »


François Lafontaine confirme que cette économie de la débrouille, avec des projets montés sans gros budget, force les artistes à s’adapter : « On travaille dans nos home studios mais, quand on a besoin de rentrer dans un grand studio, on fait les choses vite, à l’instinct. C’était le défi avec Arthur, qui a l’habitude d’étendre le temps de production parfois jusqu’à six mois. Ici, il y a très peu de pré-production. On regarde les formes, la direction musicale de chaque chanson, on établit les pièces du puzzle et on y va. »


Sandy Boutin, programmateur du Festival de musiques émergente, explique également cet état d’esprit des musiciens québécois par une nécessité absolue dans un pays où le statut de l’intermittence du spectacle n’existe pas : « Un artiste qui ne joue pas ne gagne pas d’argent. On n’a pas le choix. Je ne dis pas que c’est bien comme ça, assurément pas, parce que je rêverais d’avoir un système comme l’intermittence au Québec. Mais en même temps je pense que ça nous aide, parce que ça oblige les musiciens à toujours jouer, sinon ils n’ont pas de cachet. Puis c'est en mêlant les cultures et les idées que la musique émerge. »






Brad et Andrew, les frères américains Barr, s'installent à Montréal il y a une dizaine d'années. De l'autre côté de la cloison de son appartement, Brad entend le son de la harpe de Sarah Pagé. Ce sera le début d'une aventure. collaboration. Après avoir collaboré avec Patrick Watson ou Lhasa, les Barr Brothers créent, avec le renfort du pianiste et bassiste Andrès Vial,The Barr Brothers, une formation qui oscille entre jazz, blues folk et musique africaine. Leur deuxième album "Sleeping Operator" sort en octobre 2014.

 

Quand Jimmy Hunt quitte Québec pour Montréal, il joue dans le métro et traine ses guêtres dans les lieux incontournables de la ville, comme le Bar Fly, où il rencontre d'autres musiciens avec lesquels il va former le groupe Chocolat. Depuis 2010 l'artiste évolue en solo et réussit le pari du "Songwriter" francophone, assimilant culture francophone et anglophone dans son écriture et dans ses compositions. Son album "Maladie d'amour" remporte un gros succès au Québec et lui vaut le Félix de l'album de l'année 2014.

Originaires de Sherbrooke au Québec, ou de Sherbrooklyn comme ils se plaisent à le dire, les très joyeux Misteur Valaire sèment leur électro-jazz-hiphoop, avec un groove indéniable et un esprit potache complètement assumé. Pour ses 10 ans, Misteur Valaire s'offre un concert pop symphonique avecl'Orchestre métropolitain de Montréal. En Europe, le groupe a également dopé sa notoriété à force de concerts, de festivals, et d'une stratégie marketing virale bien orchestrée en offrant leur musique aux internautes.

Le projet Pypy sort en 2014 d'un rapprochement de deux groupes qui partagent les mêmes locaux de répétition et un amour pour le punk psyché. Side project des groupes Red Mass et surtout de Duchess Say (4/5 des membres du groupe dont la charismatique chanteuse A-Claude) Pypy enregistre un premier album "Pagan Day" en deux jours de studio et un budget miniscule, avec une forme d'improvisation brute, dans l'esprit de leur prestations scéniques explosives et effrayantes qui agitent le Montréal underground. 

MONTRÉAL, PLAQUE TOURNANTE

 


Deuxième ville francophone du monde avec ses 4 millions d’habitants, Montréal cultive ses charmes. Près de trois fois la surface de Paris, un prix de l’immobilier qui reste accessible, des artistes qui affluent. Et Montréal gagne son label musical.

Les initiatives comme le Centre Phi, nouveau lieu d’art contemporain dans le Vieux Montréal, financé par un mécène, les nombreux studios d’enregistrements, la multitude de festivals internationaux qui ponctuent l’année (Francofolies, Festival de jazz ) ou le succès d’un label local comme Constellation Records sur la scène mondiale reflètent de la bonne santé artistique de la ville. Tout autant que les groupes du cru qui connaissent un gros succès, à l’image de la locomotive Arcade Fire. Pour François Lafontaine, le changement s’est opéré il y a une dizaine d’années : « Auparavant, il y avait la “main street”, le boulevard Saint-Laurent, qui traverse la ville du nord au sud. À l’est les francophones, à l’ouest les anglophones. Et puis les musiciens se sont mis à passer d’un bar à l’autre du boulevard. Soudainement Montréal a assumé son visage. Pendant des années on a essayé de tout séparer, mais la beauté de Montréal, c’est l’aspect multiculturel. Notre génération s’est dit : tu joues de la musique, je joue de la musique, on ne se comprend pas forcement quand on se parle, mais quand on joue de la musique on se comprend. Alors, faisons-le ! C’est ce qui est arrivé et il y a un son de Montréal qui est né comme ça. »